Lorsque l’on habite à Paris, on se laisse rapidement emporter dans un tourbillon.

Une espèce de faille temporelle dans laquelle tout s’accélère, où l’on marche d’un pas pressé en permanence, avec le sentiment de toujours courir après les minutes. On en vient à trépigner derrière la personne qui bloque le passage pour monter plus vite dans l’escalator du métro. Tout Parisien se reconnaît dans cette anecdote qui peut être le drame ubuesque de notre quotidien !

Mais il y a des moments, il faut savoir prendre le temps et regarder Paris à nouveau.

Il y a quelques jours, alors que je quittais la fourmilière du métro Place de la Concorde – d’un pas décidé – j’ai été comme happée par le spectacle qui s’offrait à moi. Là, sous mes yeux, je n’avais plus qu’à me poser 5 minutes, et à admirer le tableau devant moi. Même après 6 ans à Paris, apercevoir la Tour Eiffel au bout d’une perspective reste toujours une surprise magique. La voir là, en ombre chinoise, dessiner une bien belle ligne d’horizon dans la lumière d’hiver d’un soleil couchant me donnait juste l’impression d’être au bon endroit au bon moment. Je posais quelques instants mes œillères du quotidien. Je changeais de regard, et je voyageais à Paris, l’espace de quelques instants.

Sortir de terre, ouvrir les yeux, s’arrêter, faire une pause, et retrouver son regard d’enfant.

C’est là aussi toute la symbolique de l’allumeur de réverbères rencontré par Le Petit Prince qui revenait à mes souvenirs.
Cet homme qui sur sa minuscule planète est en perpétuelle course après le temps, sans autre motivation que d’obéir à la consigne !

Ce personnage imaginaire était là, sous mes yeux, pour me rappeler de profiter quelques minutes de ces petits instants du quotidien à saisir. Car il ne suffit pas d’habiter à Paris, il faut aussi la vivre.

Vous le voyez comme moi, l’allumeur de réverbères ?

Et pensez vous qu’il faille toujours prendre une image de ce qu’on voit de beau au quotidien ?
Ou bien faut-il simplement garder les choses en mémoire sans forcément toujours tout regarder à travers son objectif ?