La notion de durée dans des univers de l’éphémère a été le fil conducteur de mes premières réflexions sur l’alimentation. Il ne s’agissait pas d’arrêter complètement le temps, à la manière d’une « nature morte » mais de le ralentir, telle une « belle endormie », que l’on viendrait réveiller avec la bouche, par le toucher, le goût ou la dégustation.

En expérimentant les techniques ancestrales de conservation, je me suis arrêtée sur la sensibilité et la fragilité qui se dégagent des aliments déshydratés. Betterave, carotte, vitelotte, oignon, chou, pomme, agrumes, vidés de leur eau m’ont interpellée, et j’ai posé mon regard sur ce qu’il restait de leur essence. Ces « squelettes » ont éveillé mon imagination et transportée ailleurs. Par des jeux d’échelles, je pouvais imaginer déambuler dans des paysages sous-marins, des forêts à la végétation incroyable, des mondes extraordinaires, des plans, translucides comme des voiles, texturés tels des dentelles.

Les arts et les procédés d’autres temps sont une source inépuisable d’inspiration, à l’image de cette image de Rop Hopkins. Le photographe modernise les codes de la représentation picturale pour le livre « Alchimistes aux fourneaux » de Pierre Gagnaire et Hervé This. Ces « Fruits et légumes séchés », détournent les archétypes de la nature morte pour l’emmener voyager ailleurs, encore.

Parce qu’en anglais, la nature morte est elle toujours bien vivante.

Nature morte au vase de Chine - William Kalf (d'après), 1655-1665. (Louvre, Paris)
Images :
Nature morte au vase de Chine, William Kalf (d’après), 1655-1665 (Louvre, Paris)
Alchimistes aux fourneaux, Pierre Gagnaire, « Légumes et fruits séchés » © Photographies Rip Hopkins, Ed. Flammarion

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