La simplicité est bien souvent un aboutissement qu’il est complexe d’atteindre.

Adolf Loos, architecte autrichien, fut un fervent défenseur du dépouillement intégral dans l’architecture moderne. Il a écrit le fameux Ornement et crime en 1908 suite à un voyage dans les Cyclades où il découvrit l’architecture dépouillée des villages qui exerça sur lui une profonde impression. Il s’opposera ensuite au courant de la Sécession viennoise – courant architectural autrichien proche de l’Art nouveau – jugée décadente car « décorative ». Il prône l’utilisation juste des éléments de l’architecture sans faux-semblant.

Sans entrer dans un cours sur l’histoire de l’architecture du XXème siècle, je vois dans cette recherche d’essentiel un parallèle avec la modernité du travail de Cédric Grolet dont je parlais dans mon dernier article. Il ne décore pas gratuitement ses pâtisseries. Il joue sur la maîtrise du geste parfaitement répété, dans un infini de possibles. Par cet effet de répétition, sans en faire des tonnes, mais simplement en montrant la dextérité de celui qui fabrique le gâteau et son incroyable talent à reproduire un geste de façon méthodique et maîtrisée. Le décor raconte la construction, son histoire et en met simplement plein la vue.

Je parlais d’analogies avec la haute-couture, ou des broderies.

Les pâtisseries du chef pâtissier du Meurice ne font-elles pas penser aux extraordinaires sculptures textiles de Simone Pheulpin ?

J’avais découvert ce travail incroyablement minutieux sur l’espace des métiers d’arts, au salon Maison & Objets en 2016.
J’avais été subjugué par tant de patience et de créativité avec un même matériau, assemblé dans des rythmiques infinies. Le pli devient un langage. Les bandes de tissu écru inlassablement empilées, triturées, reliées font naître des sculptures organiques qui racontent le regard, intense et émerveillé, que l’artiste porte sur la nature qui l’inspire. Son matériau est des plus simple : des bandes de tissu de coton brut, et pourtant le rendu, noble et précieux, évoque mille matières. Pierre fossilisée, écorce, coraux, coquillages, anémones, dunes, feuillages… Chacun peut y redécouvrir un monde imaginaire.
Simone Pheulpin expliquait sont travail dans un film poétique mettant en image une dextérité évidente, stupéfiante. La grâce magique du geste maîtrisé.

On y découvrait qu’elle a pensé à faire radiographier une œuvre. L’envers du décor est tout aussi fascinant que les sujets eux-mêmes : mis à jour, l’intérieur de ses sculptures devient un travail graphique, alors que l’extérieur est beaucoup plus doux et paisible.

Après avoir été rassuré et séduit par l’aspect esthétique d’un met, on le croque et en découvre les goûts.
Une nouvelle aventure commence alors… Accords, équilibres, des surprises, du relevé ou du piquant parfois. 

Le regard de celui qui créé se pose sur tout. L’inspiration a besoin de surprises et une douce folie textile pourrait ainsi inspirer des gâteaux !

Images :
Tarte au café, Tarte aux pommes, Saint-Honoré Vanille, par le chef pâtissier Cédric Grolet, Hôtel Le Meurice #cedricgrolet
Simone Pheulpin, Un monde de plis.
Je n’ai malheureusement pas pu trouver de trace de ce court-métrage sur Internet pour le partager avec vous. 

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