De ma première visite à Paris, du haut de mes 7 ans, je me souviens aussi bien la Tour Eiffel que des Nymphéas de Monet au Musée de L’Orangerie.
J’y retourne souvent, pour voir défiler sous mes yeux les 4 saisons en un clin d’œil. Comme une impression grandeur nature de la lumière et de ses jeux. Monet a capturé sur ces panneaux des éléments mouvants et cette impression de souffle qui donne vie à ces panoramas en place dans ce lieu depuis les années 1920, et qui restent toujours aussi magiques à mes yeux.
Après être déjà allée un été à Giverny découvrir le bassin des nymphéas qui inspira Monet, c’est cette fois au printemps que j’ai redécouvert avec plaisir ce jardin.
Après la balade, un dîner au Jardin des Plumes m’a transportée dans une nouvelle interprétation de cette perspective.
Un nouveau regard posé sur les impressions que l’on peut y ressentir, à travers la proposition du repas conçu comme la temporalité d’une journée : des brumes de l’aube, à la fraîcheur du matin, en passant l’après-midi devant le bassin des nymphéas, pour voir peu à peu le soleil se coucher et revenir à la nuit en un délicat clin d’œil. Un repas en 7 temps où l‘assiette évoque une palette de textures et de couleurs posées, que l’on viendra mélanger comme le peintre, pour en découvrir à sa guise, toutes les interprétations et associations de saveurs.
« Le propos n’était pas de plagier l’œuvre de Monet,
mais de donner une version de ce mouvement artistique au travers de notre cuisine ».
En s’entourant du chef du Jardin des Plumes Albert Riera, de sa directrice et maîtresse de maison Nadia Socheleau (prix Omnivore du Meilleur Accueil en 2014) et d’un artiste-peintre épicurien Olivier Masmonteil, Eric Guérin a trouvé l’art et sa manière d’incarner l’impressionnisme dans l’assiette sans tomber dans une simple illustration imagée.
Les peintres impressionnistes se voulaient avant tout peintres du concret et du vivant, choisissant leurs sujets dans les paysages ou les scènes quotidiennes de la vie contemporaine librement interprétés et recréés selon la vision et la sensibilité personnelle de chacun d’eux. C’est ce que menu nous propose dans une délicieuse interprétation moderne de l’impressionnisme. Comme le principe du mélange des couleurs par l’œil, les nuances gustatives sont élaborées comme des notes pures, des textures en touches divisées, qui font papillonner nos papilles une fois assemblées en bouche.
Comme ces peintres qui ont exploré d’autres façons de représenter le monde en privilégiant la vision de l’artiste, son impression face au réel et non sa description du réel, les assiettes mettent tous nos sens en éveil pour nous donner cette impression du temps qui passe au fil d’une journée.
Je ne peux que vous conseiller d’aller découvrir ce menu de vous-même, plutôt que de vous n’en livrer que quelques visuels exhaustifs qui gâcheraient les belles surprises qui défilent sous nos yeux comme une histoire que le chef nous livre. Vous en ressentirez ainsi toutes les subtilités et vous pourrez découvrir le travail qui évoluera avec les produits au fil des saisons.
J’espère vous avoir donné de très bonnes raisons pour aller passer la journée à Giverny et goûter à l’expérience de « manger l’impressionnisme » !
Images :
Regards sur le bassin des Nymphéas. Fondation Claude Monet (Giverny) © Photo Marion Chatel-Chaix
Regards sur le bassin des Nymphéas. Fondation Claude Monet (Giverny) © Photo Marion Chatel-Chaix