Je voulais partager avec vous l’introduction du dernier cahier d’inspirations culinaires exquisite, pour la saison Automne-Hiver 2020-21.

Avec le travail sensible et éclairant des botanistes, des artistes, des historiens ou encore des spécialistes de l’infiniment grand comme de l’infiniment petit, par notre intérêt grandissant pour nos origines et l’impact de nos existences, notre regard sur les vénérables protagonistes de notre planète change. Mettre en lumière la beauté et la richesse biologique du monde vivant nous incite magistralement à les respecter. Il y a une infinité de possibilités d’élévation et d’émerveillement sous nos yeux.

Le voyage commence par une balade en montagne de l’automne à l’hiver, des sous-bois aux sommets, posant nos yeux des racines aux cimes. Nous cheminerons dans des microcosmes merveilleux ; la contemplation esthétique de la nature, des arbres ou des champignons sous un angle naturaliste voire onirique sont des terrains de recherche créatifs infinis.

Cet « esprit de la forêt » se retrouve chez les civilisations ancestrales.

Nos modèles de sociétés occidentales sont en mouvement, pour beaucoup vers une quête de sens (é)perdue.
L’inconscient tourmenté génère spontanément des mandalas qui symbolisent la descente et le mouvement de la psyché vers le noyau spirituel de l’être, vers le Soi, aboutissant à la réconciliation intérieure. C’est sans doute la raison pour laquelle nous voyons apparaître de façon assez spontanée ou inconsciente des formes de géométrie sacrée çà et là, pour nous reconnecter à une certaine spiritualité. Le shaman et la pensée de la forêt nous rattraperaient ?

Tout comme les leaders amérindiens qui œuvrent pour la sauvegarde de leur environnement et de leurs traditions ancestrales, chacun reprend un pouvoir individuel ­– son contre pouvoir – pour faire bouger les lignes.

« Merci d’être venus si nombreux, pour écouter des choses… désagréables » Aurélien Barrau, le 22 octobre 2019.

Hier soir, j’étais dans le public du Théâtre de la Madeleine.
Dans un contexte où toute l’audience était déjà en conscience des enjeux. Nous étions donc plutôt dans le schéma d’un prêche devant des convaincus (qui applaudissaient au lieu de lancer des tomates !).

J’avais écrit l’introduction de mon dernier cahier d’inspirations culinaires quelques jours plus tôt. Et les mots d’Aurélien Barrau – certes d’un tout autre niveau de documentation et d’impact – résonnaient dans le sens global de mes pensées : s’attacher au beau, au subtil et au fragile était le début de la prise de conscience à avoir… L’écouter parler de la forêt, des champignons, de fractals, des Indiens d’Amazonie – héros modernes qui se battent pour défendre leur territoire, car eux ont compris qu’il s’agit bien de LA source de la vie – faisait écho aux thèmes importants sur lesquels mon intuition s’était posée pour identifier les signaux émergeants à mettre en avant dans ma 5ème parution.

Plutôt que d’envoyer un signal alarmiste sur l’état des fonds sous-marins, les glaciers qui fondent ou la forêt qui brûle, je prends le parti de mettre en avant la beauté du monde et l’émerveillement dans les ouvrages que je conçois. Cela va du regard détaillé du vivant aux inspirations fabuleuses que cela génère chez les créatifs. 
C’est ligne directrice de mon discours : à travers les visuels que je choisis et les introductions que je rédige, depuis plusieurs saisons, je fais de ces sources d’émerveillement des points de départ à créativité, au service du bien manger. C’est ma part de colibri que je pose à l’édifice pour faire prendre conscience que nous avons tous et chacun un rôle à jouer : de la conception à la production, des achats de matières à la façon de les traiter, de les sublimer et d’en utiliser tous les potentiels sans rien en gaspiller. Travailler sur un ensemble cohérent, qui raconte une histoire, afin de toucher le plus grand nombre grâce à un message porteur de sens.

Je reste ainsi convaincue que prendre conscience de la beauté du trésor de conception que nous avons sur Terre, sous nos yeux, est la meilleure façon de la respecter et de la protéger. Chacun à notre manière, nous devons agir dans l’idée de freiner un grand coup pour (re)partir dans le bon sens : sauver ce qu’il reste de vivant(s) en réorganisant notre façon d’habiter le Monde afin de retrouver un équilibre pérenne pour tous.

Le discours d’Aurélien Barrau était entrecoupé de mots choisis, de poésie : Arthur Rimbaud, Jean Genet et Antonin Artaud.
J’ai trouvé la métaphore parfaite : le poète se joue du cadre extrêmement contraignant de la grammaire pour créer et inventer des formes et des usages nouveaux. Tout est donc possible avec un esprit libre et créatif même avec une infinité de règles, de normes et d’existant à prendre en compte et à (ré)organiser.

Je n’ai retenu que peu de chiffres tant ils étaient nombreux (et terrifiants !). 
En guise de conclusion, je reviendrai plutôt sur cette évocation positive riche de sens qui a été faite au cours de ce long plaidoyer : si le mot amazone évoquait uniquement un fleuve majestueux, un oiseau impérial, une forêt merveilleuse, des peuples de femmes guerrières mythiques, des super-héroïnes, ou encore des cavalières les cheveux dans le vent, ne serions nous pas dans une symbolique hautement plus inspirante ?

Nous devons réinventer le Monde. Nous devons réinventer nos symboles.
Le tableau est noir. Mais nous pouvons aussi le voir comme une page blanche qui laisse une part belle à la créativité.
Redessiner le Monde de demain peut-être vu comme un immense défi certes mais aussi une page à écrire superbement excitante…
Et surtout – c’est un état de faits – nous n’en avons pas le choix.

Le 5ème cahier d’inspirations culinaires exquisite sort le 28 Octobre 2019.
Envie de découvrir la beauté inspirante de toutes les forêts du monde sans prendre un seul avion ?  Contactez-moi !

Marion Chatel-Chaix

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